Présentation

En poésie, les dialectes sont parfois le support de l’inspiration : Pasolini, entre autres, écrivait ses poèmes en dialecte frioulan. Pourquoi n’en est-il pas de même en architecture ? Pourquoi ne pas utiliser des dialectes urbains ? des jargons architecturaux ? des patois spatiaux ? Telles furent les idées qui guidèrent l’auteur lors de la construction des quartiers neufs de Matera dans l’Italie méridionale.

Biographie

Bruno Zevi (1918-2000) Bruno Zevi naît le 22 janvier 1918 à Rome où il meurt le 9 janvier 2000.

Il entre à la faculté d’Architecture de l’université de Rome en 1936, mais les lois antisémites l’obligent à abandonner ses études en 1938. Il part pour Londres puis pour les États-Unis où il est diplômé de l’université de Harvard sous la direction de Walter Gropius. En 1940, il épouse Tullia Calabi, journaliste et écrivain, future présidente de l’Union des communautés juives italiennes. Il découvre l’œuvre de Frank Lloyd Wright et celle du philosophe John Dewey qui le rapproche de Benedetto Croce. En 1943, il revient à Londres participer à l’effort de guerre comme traducteur.

En 1945, il fonde l’Association pour l’architecture organique, APAO et publie Verso un architettura organica l’année suivante alors qu’il est professeur d’histoire de l’architecture à l’université de Venise avant de l’être bientôt à celle de Rome.

En 1948, il publie Saper Vedere l’Architettura, traduit dans une quinzaine de langues et en français en 1959 (Apprendre à voir l’architecture). Ce livre marquera des générations d’étudiants, détaillant la réalité même de l’architecture et reliant celle des Grecs à celle de Wright surtout et de Le Corbusier. Lewis Mumford écrira : « Nul autre que lui n’est aussi qualifié pour réunir les meilleures formules de la vieille génération et la juvénile agressivité des nouveaux leaders. »

À partir de 1955, il tient une rubrique hebdomadaire d’architecture dans L’Espresso. Membre actif des groupes juifs italiens et des mouvements antifascistes, il adhère au parti radical, est élu député en 1987 et le reste jusqu’en 1992. Il en sera président d’honneur avant d’en démissionner lorsque le parti choisit de former un groupe parlementaire qui aurait inclus le FN au Parlement européen.

De 1954 à sa mort, il édite un magazine mensuel L’architettura – cronache e storia et continue de publier de nombreux ouvrages dont la première Histoire de l’architecture moderne en 1950, augmentée en 1975 puis en 1996 dans laquelle, à la différence de Giedion, il inclut dans l’architecture moderne les œuvres d’Olbrich, Gaudi, Mendelsohn, Scharoun et, bien entendu, Wright. Pour lui, c’est seulement à travers la connaissance historique que l’on « peut démontrer ce que Michelangelo et Borromini ont à offrir de plus que Gropius ou Aalto car, dans leur contexte linguistique propre, ils furent plus courageux et inventifs ».

Dans tous ses écrits, il souligne la relation entre pensée et histoire, entre société et architecture dans le but de donner à chaque citoyen les moyens intellectuels d’intégrer l’architecture dans la vie de tous les jours. Théoricien et militant, aussi bien en politique qu’en architecture, ses écrits visent le grand public tout en étant reconnus par les professionnels, même s’ils ne l’apprécient pas toujours, notamment quand il écrit, en 1981 dans sa préface à l’édition française de Langage moderne de l’architecture : « La maison standardisée et l’architecte démiurge sont désormais des notions anachroniques. L’utilisateur veut participer au projet du milieu où il vit, il veut en être l’auteur ou tout au moins le coauteur. La profession change, le langage de l’architecture aussi. »

Table des matières

  • Introduction à l’édition française par Michel Guéneau
  • Préambule : populaire et (ou) mineur
  • 1. L’échange architecture-construction à travers l’histoire
  • 2. Giuseppe Pagano et l’architecture rurale
  • 3. « L’art d’habiter dans le Mezzogiorno »
  • 4. Enquête sur le voisinage
  • 5. Panorama italique
  • 6. Préhistoire et architecture populaire
  • 7. Équivoque et ivresse du « spontané »
  • 8. Où le populaire fusionne avec le moderne
  • 9. Le rustique dans les revues d’architecture
  • 10. Du bourg à la bourgade
  • 11. Comparaison avec la littérature
  • 12. Comparaison avec la musique
  • 13. Comparaison avec les arts visuels
  • 14. « Architecture without architects »
  • 15. Lecture critique des ensembles d’habitations
  • 16. Lecture critique des centres mineurs
  • 17. Rapport communautés-paysages
  • 18. Quand « ce qui va de travers ne me convient pas »
  • 19. Que signifie « populaire » ?
  • 20. Conclusion provisoire : l’incertain monde dialectal
  • Bibliographie choisie
  • Notice biographique de Bruno Zevi
  • ISBN : 978-2-910342-94-4
  • 150 pages 11 x 17.5cm
  • 21 €